Lyster vagabondait dans la Vallée Jaune, territoire emblématique des Mixteurs. Chatonnant et reniflant de partout, il découvrait l'endroit à sa manière, sans se soucier d'éventuels dangers. Ici, il se sentait en sécurité. Les grandes montagnes qui bordaient la vallée le rassuraient. La végétation, toujours aux couleurs de l'automne, lui offrait une bonne cachette même si parfois, il se retrouvait à découvert lorsque les buissons disparaissaient. Mais il était encore trop jeune pour se douter qu'on pouvait l'épier ou le tuer. Et puis, il n'avait plus de parents pour lui dire quoi faire, ou pour le surveiller de près. Il était libre. Toujours. Et il aimait cette liberté.

Le ciel était sombre, orageux. Peut-être la pluie allait-elle bientôt tombée, mais pour l'instant, l'air bien que très humide, ne semblait pas encore électrifié par un orage prochain. La journée avait été exceptionnellement chaude pour la saison. Ce n'était pas encore une chaleur d'été mais déjà de printemps. Il était à peu près quatre heures de l'après-midi et le temps semblait s'être arrêté. Tout était silencieux, étrangement. Pas d'oiseaux, pas de gibiers, rien. Le silence, rien que le silence. Lyster n'aimait pas ce calme, c'était un mauvais présage. Le calme avant la tempête, comme on dit. Mais il n'avait pas envie de rentrer pour autant. Il voulait encore profiter de la journée.

Alors qu'il bondissait dans un buisson, s'imaginant une histoire farfelue dans laquelle il était poursuivit par un monstre, il ne vit pas que celui bordait un petit précipice. Il dégringola la pente, roula dans l'herbe et finalement, arrêta sa chute, sur le dos, les quatre pattes en l'air. Le temps qu'il reprenne ses esprits et déjà il riait aux éclats, nerveusement mais aussi de bonheur. De l'herbe sèche s'était collé à son pelage noir et blanc et il se retrouvait dans une drôle de position mais qu'importe! Il se sentait si bien. Soudain, il ouvrit les yeux et tourna la tête. Il se retrouva truffe à truffe avec un chiot.

Il huma l'air. Ce n'était pas un chiot des Mixteurs, mais des Purs. Et ça avait l'air d'être une petite femelle. Sa race était inconnue à Lyster mais il s'en fichait pas mal! Il voulait savoir ce qu'elle faisait là. Elle s'était peut-être perdue! Il se leva rapidement, s'ébroua et s'assit devant la petite, la fixant de son regard interrogateur.

« Salut! Que fais-tu ici? Tu t'es perdu? Tu n'es pas une espionne au moins? » demanda-t-il sérieusement et naïvement.

Tout le monde dors, je peux sortir ? Je m'avance vers la sortie et regarde autour de moi. Aucun bruit, tant mieux. Je veux sortir, ce matin, j'ai fais l'effort de dormir, mais cette fois, je vais aller me promener. Je commence à marcher de plus en plus vite et finis par courir. La forêt est juste là, devant moi. Je m'éloigne de plus en plus de la meute, ce qui me rassure. C'est bon, personne ne m'a vue, je vais enfin pouvoir explorer les environs. Les oiseaux chantent, j'entend le bruissement des feuilles des arbres. Que c'est agréable ce silence ! J'arrête de courir et marche lentement. Je ne suis pas pressée de toute façon, loin de là. Une petite goutte de pluie s'écrase sur mon museau. Je lève la tête. Le ciel est très sombre, mains il ne pleut pas. Ce doit être une goutte qui était rester sur l'arbre car la veille, il y avait plut. J'hume l'air. Mon odorat n'est pas encore bien développé et je ne sent presque rien. Alors je regarde par terre. Comme la veille il y a plut, si un chien est passé par là aujourd'hui, je pourrais voir ces empruntes. Et c'est ce qui arrive ! Une emprunte dessiner sur le sol, juste devant moi ! Et il n'y en a pas qu'une. Je commence à m'exciter, fière de ma découverte. Sans plus attendre, je me met à suivre les empruntes. Il y en a de moins en moins, ce qui me déprime. Je finis par abandonner et j'emprunte un autre chemin. Une pente assez raide se tient devant moi. En m'approchant un peu plus, je glisse et atterris en bas en un seul morceau. Je me relève et continue mon chemin. Je me suis bien éloigner de la meute et j'hésite à faire demis-tour. Mais comment ? La pente est trop raide.. Il faut donc que je trouve un autre chemin. Je me retourne et tombe truffe à truffe avec un autre chien. Il n'a pas l'air bien vieux, ce qui me rassure. Je connais cette race, un Border Collie. Je ne pense pas qu'il soit bien méchant. Je m'apprête à faire demis-tour mais le chien dit :

- Salut! Que fais-tu ici? Tu t'es perdu? Tu n'es pas une espionne au moins?

Il est naïf, cela ce voie tout de suite. Je déteste les chiens comme ça. Je n'ai pas du tout envie de lui répondre. Puis pourquoi toute ces questions ? Pourquoi faut-il qu'il sache ce que je fais là, si je suis perdu ou si je suis une espionne. Mais mais comment être une espionne, je n'ai que 5 mois. Je regarde le chien droit dans les yeux. Je lui répond :

-Bonjour. Non, je ne suis pas une espionne et si j'en étais une, je ne te l'aurais pas dit, réfléchi un peu !

Je n'ai pas été très gentille sur ce coup là, mais je suis satisfaite de ma réponse. Ce chien n'a pas besoins de me connaître, ça sert à rien.

- Bonjour. Non, je ne suis pas une espionne et si j'en étais une, je ne te l'aurais pas dit, réfléchi un peu !

Wahou! Elle était pas commode du tout cette petite. Ne lui avait-on jamais appris le respect? Normalement, les chiots, à son âge, auraient ris de la réflexion de Lyster, et ne l'aurait pas grondé pour si peu. C'est juste que le border collie était un peu simplet de nature, mais c'est ce qui faisait son charme, en même temps. Vexé, il baissa les oreilles et émit un petit gémissement pour montrer sa contrariété. Lui qui pensait que cette petite chienne serait gentille. Elle avait une bouille d'ange et elle était toute mignonne avec ses poils ébouriffés et épais. Mais le proverbe "ne vous fiez pas aux apparences" revint directement en tête au jeune chien qui soupira; Il réfléchir à toute allure à ce qu'il pourrait dire.

- Hey! Ne t'énerves pas comme ça. Je voulais juste rigoler. Et puis, je te ferai remarquer que le plus bête d'entre nous deux, c'est quand même toi! Tu es dans la Vallée Jaune, un territoire des Mixteurs. Je pourrais très bien te tuer pour ça.

Bien sûr, il n'en pensait rien. Il était bien trop sympathique pour vouloir tuer cette jeune chiot. Il n'y avait même pas songé, à vrai dire. Il aurait l'avantage, c'était sûr. Il était plus âgé, plus grand, plus fort, plus expérimenté et surtout il était sur ses Terres. Il s'était un peu emporté sur la fin mais immédiatement son expression redevint sereine et calme et il afficha un petite sourire sur ses babines. Il ne craignait rien, de toute façon. Cette Pure semblait plus insolente et effrontée qu'autre chose. Ce n'était pas avec sa petite taille et ses griffes minuscules qu'elle allait lui faire mal.

- Je m'appelle Lyster. Je fais partie des Mixteurs. Et toi, jeune Pure, qui es-tu?

La jeune chienne jette un coup d'œil à la pente. Elle semblait prête à fuir ... Mais pour aller où? Elle semblait perdue. Si ça se trouve, elle ne connaissait pas encore son propre territoire. Peut-être avait-elle fugué de chez elle, tout simplement. C'était un comportement .. normal, pratiquement. Lyster ne l'avait jamais fait, dans ses souvenirs. Disons que même s'il était surexcité, il préférait bavarder pendant des heures avec les jeunes mamans qui le surveillaient, plutôt que de partir tout seul en vadrouille! Maintenant qu'il était plus grand, il en profitait pour vagabonder un peu partout. Il n'était pas encore adulte. Il n'avait pas encore toutes ces responsabilités!

- Lyster, d'accord, c'est noté. Mais je ne suis pas la plus... Elle laisse un court moment avant de reprendre : Oh et puis laisse tomber, je suis venue me balader, pas chercher la dispute. Pour me faire pardonner de mes paroles pas très gentille, je te révèle mon nom. Je me nomme Alvis et je suis bien chez les Purs. Tu es un Border Collie, n'est-ce pas ?

Cette jeune chienne était vraiment .. spéciale. Alvis? Original. Elle appartenait bien aux Purs ... Lyster n'aimait pas trop les Purs. Trop arrogants, trop odieux. Ils se croyaient pour les plus forts. Parfois, ils tuaient les bâtards de leur Meute, du moins, c'est ce que disaient les rumeurs. Le jeune chien ne savait presque rien d'eux. Mais même si cette petite chienne semblait fort insolente, elle ne semblait pas dangereuse ni même ... méchante. Peut-être était-ce son caractère, tout simplement? Lui était bien exaspérant, mais pas de la même manière que la petite chienne. Il était peut-être trop enjoué ... Mais il détestait voir les autres tristes! Alvis ne semblait pas triste mais en même temps, elle ne devait pas avoir une vie bien rose, pour avoir développée un caractère aussi ... tranchant. Oui, c'était le mot.

- Ravie de te rencontrer Alvis! Je suis en effet un border collie, mais comme tu t'en doutes certainement, je suis croisé ... Je ne sais pas avec quoi, par contre.

Il sourit. C'était étrange de ne pas savoir avec quoi on était croisé ... Peut-être aurait-il eut une réponse si il se souvenait de sa vie d'humain ... Car oui, on lui avait raconté qu'avant de devenir des chiens, ils avaient tous été des humains. Mais apparemment, lui était trop jeune pour avoir été un humain. Il était un vrai chien. Et il ignorait tout de sa vie passée. Il soupira et son sourire disparu, envolé. Il fixa la jeune chienne. Autant continuer sur sa lancée, après tout.

- Et toi Alvis, tu es de quelle race? Je n'ai jamais vu de chiens comme toi. Je .. j'aurai ... une autre question mais ... Laisse tomber en fait.

Il se tut. Cette question ... C'était très indiscret, certes, mais il voulait savoir quelque chose ... IL avait peur de la réaction de la jeune chienne. Il ne voulait pas la froisser non plus. Il émit un petit gémissement, signe de son hésitation, et ses oreilles se rabattirent sur sa tête.