Pour une fois, Taychi s'était levée tôt, à l'aube plus précisément. Elle s'extirpa de sa tanière et le froid ne tarda pas à lui arracher des frissons. Le camp était silencieux, si silencieux que l'on pouvait presque entendre les souffles réguliers du clan endormi. Seul Olympe, leur dirigeante, se tenait devant sa tanière, les yeux mis clos.


Taychi posa son regard sur elle, c'était une chienne élégante, dotée d'un pelage marron, fissuré par une bande blanche qui descendait de son cou jusqu'à son ventre. Son museau était d'une couleur caramel qui avait la particularité d'adoucir son regard. Possédant une fier allure, sérieuse et d'un caractère froid, Taychi savait qu'elle ne voulait que le bien pour le clan.


Taychi l'appréciait mais elle ne la connaissait pas énormément, elle n'avait entendu que des histoires, fausses ou vrais, à gauche et à droite à son sujet. Sur son passé, son caractère...
La commandante laissa échapper un long souffle de sa truffe qui se transforma en un panache blanc qui s'évapora peu à peu dans l'air. Puis sous le regard de sa dirigeante, elle sorti du camp, décidant d'aller chasser dans la forêt brumeuse.


Ses pattes blanches s'enfonçaient dans la neige qui crissait à chacun de ses pas. Elle avançait calmement et savourait les premiers rayons du soleil qui se frayaient un chemin entre les branches dénudées des arbres. Les oreilles de Taychi pivotaient au moindres bruits émis dans les alentours et sa truffe frôlait le sol neigeux, cherchant les odeurs de gibiers.


Elle entra enfin dans cette forêt, où une brume épaisse occupait les moindres parcelles de l'atmosphère. Ce lieu n'était pas spécialement réputer pour trouver du gibier car la brume mélangeait toute les odeurs, anciennes et récente, pour en faire qu'une. Mais Taychi venait justement pour cela, pour devenir plus forte.


Elle savait que chacun étaient prisonniers de leurs propres perceptions primitives: la vue, l'ouïe, le touché, le goût et l'odorat. Elle le savait très bien que chaque être est dépendant de ces perceptions, que sans toutes ces facultés, nous serions tous faibles. Mais ce lieu en défavorisait la majorité dont la vue et l'odorat. Taychi venait souvent s'entrainer ici, elle fermait les yeux, et ne se fiait qu'à son ouïe et son touché.


Alors elle s'exécuta, elle fermait progressivement ses yeux, et se mit à avancer en prenant garde de poser ses pattes silencieusement sur le sol. L'endroit était d'un silence déconcertant, la brume était étouffante et le froid s'infiltrait peu à peu dans son pelage. Mais Taychi ne se concentrait pas la dessus, elle était à la recherche d'une proie, une proie qui elle, se fierait seulement à ses perceptions primitives.


Taychi ne savait pas combien de temps elle était resté dans cette forêt, mais pour elle, ça n'avait aucune importance. Le temps n'était qu'un mot pour effrayer, pour rappeler qu'à n'importe quel moments, nous pouvons mourir. Nous le qualifions de précieux car nous nous méfions de lui, nous sommes une fois de plus dépendants et soumis aux règles de la vie.


La chienne soupira puis elle entendit de faibles crissements dans la neige. Ce n'était pas des pas lourds, ce qui rassura Taychi car cela lui prouvait que ce n'était pas un ours. Car seul, elle n'aurait eu aucune chance contre un ours adulte. Elle se baissa et leva sa patte avant droite pour se mettre en position de chasse. Cette présence ne paraissait pas méfiante et Taychi entendait qu'elle s'approchait peu à peu, elle sentait qu'elle n'était plus qu'à une longueur de renard d'elle.


Elle banda ses muscles, évalua une dernière fois la distance en se fiant à son ouïe, puis bondit les crocs découverts en laissant échapper un puissant grognement sur sa "proie". Lorsqu'elle allait atterrir sur elle, elle ouvrit les yeux puis son cœur se figea. Elle lui tomba dessus et stoppa net, ébahi. S'était Olympe sa dirigeante, qui se tenait en dessous d'elle.


Taychi s'écarta d'une rapidité déconcertante puis dit d'une voie pleine d'excuses:


" Excusez-moi, vraiment, je suis désolé, je chassais en me fiant qu'à mon ouïe en pensant qu'il n'y aurait aucun autre chien et je vous ai confondu avec une proie... Milles excuses. "


Elle s'inclina suivi par ses oreilles qui se baissèrent à leurs tour, attendant nerveusement ce que sa dirigeante allait lui dire.